Patrimoine immatériel
Argan idpcm:CBC4A5
Pratiques et savoir-faire liés à l'arganier
Communauté concernée : Communautés vivant dans le territoire correspondant à celui couvert par la Réserve de Biosphère de l'Arganeraie
L'arganier est une espèce sylvestre endémique du sud-ouest marocain qui remonte à l'Ere tertiaire et appartenant à l'étage bioclimatique inframéditerranéen. Le taxon couvre une aire géographique de l'ordre de 800 000 ha. Il est emblématique des paysages du Haut-Atlas occidental et de l'Anti-Atlas et de leurs abords. Durant des siècles, il a marqué les modes de vie des populations amazighes ayant occupé ces territoires depuis la nuit des temps. l'arbre produit un fruit duquel est extraite une huile aux bienfaits multiples. Autrefois utilisée essentiellement dans l'alimentation, l'huile d'argan est également aujourd'hui exploitée dans des recettes cosmétiques qui ont envahi le monde entier. L'arbre est exploité dans différentes manière: son bois sert au chauffage et produit un bon charbon, ses feuillages constitue un fourrage particulièrent riche pour les dromadaires et les caprins, les résidus, ou tourteau, de l'exploitation de l'huile sont donnés aux bovins, etc.
Les savoir-faire ancestraux liés à l'arganier sont multiples et ils sont plus particulièrement tenus et pratiqués par les femmes. Ces savoir-faire concernent essentiellement les modalités d'extraction de l'huile d'argan d'une manière traditionnelle mais aussi les techniques de l'exploitation des matériaux naturels nécessaires à la confection des ustensiles utilisés dans la vie agropastorale. L'extraction de l'huile d'argan est régie par un processus assez complexe constitué d'un certain nombre d'opérations spécifiques répondant à un enchainement chronologique bien particulier. Ces étapes comprennent respectivement la cueillette des fruits, leur transport à la maison, leur séchage, le dépulpage (affiach), le concassage (Tarugui), le tri (irgui), la mouture (izid) et le malaxage (izmi). Quasiment tout ce processus est assuré par les femmes, les hommes n'intervenant en général qu'au début (travaux des champs, collecte des fruits et leur transport) et à la fin (commercialisation). Ce partage de travail est strictement régi par les dispositions d'ordre culturelles ancestrales. Les femmes excellent ainsi dans la réalisation des différentes activités liées à ce processus et entretiennent des compétences et des savoir-faire que nul autre individu ne puisse mettre en pratique. Deux phases principales illustrent parfaitement une telle maîtrise d'une technique unique: la mouture des amandons à l'aide d'un moulin à bras spécifique et le malaxage qui suppose l'ajout progressif de l'eau tiède selon des quantités que seule une femme arganière pourrait bien maîtriser.
Dans la vie quotidienne des populations de ces régions, l'arganier est encore toujours présents. Même les familles originaires de ces régions et aujourd'hui habitant les grandes villes comme Rabat et Casablanca, possèdent encore les ustensiles nécessaires à l'extraction de l'huile d'argan et continuent encore de la pratiquer.
- Chronologie
- Caractéristiques de l'élément
- Personnes et institutions associées
- État de l'élément : viabilité
- État de conservation
- Protection / Statut juridique
Chronologie
Caractéristiques de l'élément
Personnes et institutions associées
Actuellement, la transmission aux jeunes générations s'effectue essentiellement par imitation et par apprentissage non formel
État de l'élément : viabilité
D'une manière générale, les pratiques traditionnelles régissant l'exploitation de l'arganier sont toujours vivantes conformément à leurs modalités d'antan. Bien que l'arbre lui-même continue de subir des menaces de dégradation de formes diverses, les pratiques elles, sont encore vivantes chez les communautés arganières. Les savoir-faire que les femmes arganières mettent en pratique dans la gestion et l'exploitation de l'arbre mais surtout dans les modalités d'extraction de l'huile et la gestion des résidus conservent les mêmes gestes et les mêmes portées symboliques, notamment en milieu rural.
Les savoir-faire séculaires ayant régi l'extraction de l'huile d'argan et l'exploitation de cet arbre endémique du sud-ouest marocain risquent aujourd'hui de subir les aléas de la modernisation et de la mécanisation. les différents intervenants, Etat, ONGs, groupements d'intérêts, etc. interviennent, chacun à sa manière et selon leurs compétences respectives, de mener des actions visant à assurer la pérennité de ces savoir-faire essentiellement détenus par les femmes de la région. Parmi les mesures de sauvegarde déjà opérationnelles ou en cours de réalisation il faut citer ce qui suit:
- la distinction de la région correspondant à l'aire de distribution de la forêt de l'arganeraie en tant que "Réserve de Biosphère " par l'UNESCO en 1998. La Réserve de Biosphère de l'Arganeraie (RBA) contribue à la protection de l'arbre et de son milieu écologique notamment contre l'excès de l'intervention anthropique et la surexploitation de son milieu naturel.
- Depuis les années 1990, un certain nombre de coopératives ont été créées dans les différentes localités de l'aire de l'arganeraie. Ces coopératives fédèrent les femmes arganières et contribuent largement à l'amélioration de leurs conditions sociales et économiques en leur assurant la valorisation matérielle de leur production. Ceci favorise substantiellement la revalorisation des métiers de l'arganier et leur maintien au sein des femmes et des filles.
- Le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts entreprend actuellement un projet ambitieux visant la replantation et le reboisement de l'arganier sur une superficie globale de 200 ha par an. Une telle mesure prospective contribuera certainement à remédier au phénomène grandissant de déforestation et de désertification que la région toute entière enregistre ces dernières années. Les associations locales œuvrant dans le domaine de l'environnement adhèrent fortement à ce projet en menant des campagnes de sensibilisation auprès des populations locales usagères de la Réserve de Biosphère de l'Arganeraie.
- Depuis 2010, l'huile d'argan est mieux valorisée en faisant l'objet d'une "Indication Géographique Protégée" IGP . Cette indication exige des usagers du label 'huile d'argan" le respect d'un cahier des charges assurant la qualité du produit obtenu en respects des normes précises de fabrication, de production et de commercialisation. Une telle indication géographique apporte aux femmes arganières une plus-value de leur travail et les encourage et continuer à mettre en œuvre leur savoir-faire en la matière.
- L'observance, encore en vigueur dans certaines régions, de la coutume ancestrale de l'agdal contribue amplement à la protection de l'arbre et de son fruit et, par conséquent, à la pérennité des métiers relatifs à l'extraction de l'huile d'argan. L'agdal consiste à mettre en défens les espaces arganiers pendant un certain temps de l'année (notamment au moment de la maturation du fruit entre juin et aout).
- Le conseil régional de Tiznit prévoit la création d'un musée communautaire entièrement dédié aux métiers de l'arganier. Cette structure à vocation essentiellement culturelle contribuerait à renforcer l'importance des métiers de l'arganier au sein des populations locales, notamment auprès des femmes détentrices de ces savoir-faire.
État de conservation
Protection / Statut juridique
Localisation

- région : SOUSS-MASSA-DRAA
- province : AGADIR IDA OU TANAN
- province : CHTOUKA AIT BAHA
- province : INEZGANE AIT MELLOUL
- province : TAROUDANNT
- province : TIZNIT
- région : MARRAKECH-TENSIFT-AL HAOUZ
- province : CHICHAOUA
- province : ESSAOUIRA
Autres informations sur la localisation
- Aire d'étude : Territoire de la Réserve de Biosphère de l'Arganeraie (RBA)
- L'élément du patrimoine culturel immatériel en question s'étend sur un territoire immense correspondant aux zone de la forêt de l'arganeraie. Le territoire s'inscrit globalement dans les Régions administratives de Souss-Massa-Draâ et de Marrakech-Tensift-Al Haouz. D'un point de vue géographique, le territoire correspond au sud-ouest marocain comprenant le Haut-Atlas occidental et ses contrebas septentrionaux (Chiadma et haha), la plaine de Sous et l'Anti-Atlas occidental.